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  JE PARLE FRANÇAİS
  8-Le Pain
 
     


LE PAIN

On est à la boulangerie bien avant d’en passer la porte. Lumières blondes d’une boutique dont les clients emportent leurs emplettes bien visibles, à la main, sous le bras, rarement au fond d’un sac ; arômes chauds et suaves qui, insidieusement, annexent le voisinage : la mise en condition se fait dès les abords et ravit sans effort. Visions de foyers tièdes et de simples délices, mille pages de souvenances feuilletées en un instant aux rives de l’inconscient – voyage inattendu, et pourtant quotidien, dans l’espace et le temps ; bref retour, essentiel, à l’image du mot " pain ".

Déjà conquis, on franchit sous le charme le seuil du magasin, et c’est fête pour les yeux. Car il est là, multiple, caressé de regards envahis d’émotions immédiates ou lointaines : le pain, décliné à l’envi par des langues diverses, celles de nos régions et celles des souvenirs, langage universel, magique, intemporel. Présentés en paniers ou rangés en compartiments sur des étagères qui intiment : " Ne pas toucher ! ", ils ont noms baguette, miche, bâtard, parisienne ; ils sont campagnards, italiens, viennois, complets, bis ou briochés ; on les dit de mie, en épis ou petits ; ils sont faits de froment, de seigle ou de son ; ils s’agrémentent de graines de sésame ou de cumin, de raisins ou de noix ; il en est de tranchés, de ronds, de plats, de longs, de torsadés, de pliés, de courts et de sans fin ; ils se montrent dorés, farinés, parfois presque brûlés.

Les nuances de leurs croûtes généreusement offertes cèlent à peine les trésors des textures appréciées, dont s’enquiert souvent la proprette boulangère au teint rose farine : " Bien cuit ? Pas trop cuit ? ". On n’hésite jamais ; entre les deux, le cœur ne saurait balancer : c’est au creux de l’enfance que le goût s’est forgé, immuable et constant. On cède bien, quelquefois, au vertige légitime d’un dépaysement dans les saveurs voisines, mais c’est un court exil : le moelleux sans égal des mies familières et le croquant dosé des croûtes coutumières prêtent à la nostalgie et rappellent l’infidèle.

Il y a les valeurs sûres, les favoris d’un temps : la miche familiale a longtemps occupé la tête du palmarès mais, depuis belle lurette, la baguette, star internationale, lui a volé la vedette en s’affichant au bras d’un Français type. Quand on le nomme Poilane, le pain est un classique de prestige et urbain, rappelant les grands ronds des marchands ambulants, portés en camionnettes jusqu’au fond des campagnes, à l’époque où le pain ne se vendait qu’au poids et se conservait des semaines. Un jour est arrivé où il s’est déprécié, vulgarisé, produit industriel insipide, vite rassis, coupable désigné de tous les embonpoints. Mais, qualifié d’artisanal, il a retrouvé ses lettres de noblesse et les faveurs des palais connaisseurs, qui savent l’adapter à toutes les circonstances. Fraîche et chaude baguette des petits déjeuners, c’est un concurrent redouté du croissant ; les huîtres ne l’admettent que de seigle mais les terrines le préfèrent de campagne ; fantaisiste, il se fait tout petit et varié, et s’embroche pour les tables festives.

Dans la boulangerie, la queue est souvent longue quand, pétri avant l’aube, il sort enfin du four et paraît en boutique, brûlant délicieusement les mains qui le reçoivent en promesse de plaisir. Chacun espère alors, en regagnant la rue, garder longtemps encore la chaleur qui s’enfuit, jusqu’à cette bouchée, gourmande, prématurée, arrachée à belles dents, bien avant la maison, à la croustillante  tiédeur de l’objet du désir.

Questions 

1. " Faire des emplettes " n’est pas synonyme de :

a-faire des provisions
b-faire des baguettes
c-faire des achats

2.  " insidieusement ", c’est : 

a-de manière évidente
b-de manière franche
c-de manière sournoise

3. " à l’envi" signifie :

a-avec appétit
b-à qui mieux mieux
c-sans fin

4. Dans le texte, " intiment " veut dire :

a-ordonnent
b-murmurent
c-suggèrent

5. Dans la 1ère phrase du 3ème paragraphe, " dont " fait référence :

a-aux " trésors "
b-aux " textures appréciées "
c-aux " nuances de leurs croûtes "

6. Quelle est la forme correcte du futur du verbe " céder "?

a-je céderai
b-je cèderai
c-je cédrai

7. " depuis belle lurette " est une expression familière qui signifie :

a-depuis peu
b-depuis très longtemps
c-depuis toujours

8. Dans le texte, " palais " est synonyme de :

a-château
b-gourmet
c-palace

9. Si le pain est " coupable désigné de tous les embonpoints ",

a-il est le principal accusé de la prise de poids
b-il est toujours accusé à raison de faire grossir
c-il est accusé à tort de faire prendre du poids

10. Quelle expression ne fait pas allusion à l’appétit ?

a-manger du bout des dents
b-avoir les dents longues
c-mordre à belles dents

1.b,2.c,3.b,4.a,5.b,6.a,7,b,8.b,9.a,10.b



La définition ou l'indication grammaticale des mots

un arôme : une odeur agréable.

un foyer : ici, une maison.

une rive : le bord d’un cours d’eau ; ici au sens figuré.

bref : (adjectif) rapide, court.

conquis : ici, séduit.

décliné : ici, nommé.

ils ont noms : ils s’appellent. 

on les dit : on les nomment.

il en est : il y en a.

sans fin : ici, très longs.

celer : cacher.

s’enquérir : chercher à savoir, s’informer (en interrogeant).

forgé : formé.

moelleux : doux, agréable aux sens.

la mie : la partie intérieure, tendre du pain ; la partie extérieure, dure est la croûte.

prêter à : donner matière à.

rappeler : ici, ramener, faire revenir.

un infidèle : ici, un personne changeante dans ses goûts.

s’afficher : se montrer avec ostentation.

urbain : de la ville.

insipide : fade, sans saveur.

rassis : qui n’est plus frais, sans être encore dur.

des lettre de noblesse : des lettres patentes du roi par lesquelles il conférait la noblesse, pour services rendus ou moyennant finance ; " avoir ses lettres de noblesse ", c’est avoir une origine ancienne et illustre.

une terrine : un pâté cuit dans un récipient en terre (appelé lui-même " terrine ").

festif : de fête.

une queue : une file d’attente (faire la queue, prendre la file d’attente).

pétri : malaxé (pour une pâte).

croustillant : qui croustille, qui craque agréablement sous la dent..

la tiédeur : l’état de ce qui est tiède, entre chaud et froid.

en : préposition indiquant le temps nécessaire pour accomplir une action.

s’agrémentent : verbe " s’agrémenter "(s’orner); forme pronominale à valeur passive.

se vendait : forme pronominale à valeur passive.

se conservait : forme pronominale à valeur passive.

en regagnant : gérondif du verbe " regagner " (revenir, retourner à) ; le gérondif exprime ici la simultanéité des actions.

 
   
 


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