LA VIE EN SOLO
Il serait né en Suède dans les années 60, gagne du terrain et descend lentement mais sûrement vers l’Europe méridionale. C’est le mouvement des femmes vers une plus grande autonomie. A l’heure actuelle, les femmes font des études, travaillent, luttent pour se faire une place au soleil. Il n’y en a jamais eu autant qu’aujourd’hui à " vivre leur vie " en dehors du couple. Dans les grandes villes, une femme sur quatre vivrait seule .
Pourtant, les " femmes seules ", ça n’existe plus, estime un sociologue qui a consacré un livre à la question (" La Femme seule et le Prince charmant ", Jean Paul Kaufmann). Il existe des femmes indépendantes, mais entourées d’amants, d’amis et de copines complices. Elles vivent " en solo, mais pas en solitaires. " Elles sont heureuses ainsi, engagées à fond dans la vie active, sans homme à demeure … pour le moment.
En fait, ce n’est pas si simple. Ces femmes connaissent le poids de la norme : une femme doit être une mère et la gardienne du foyer. Non seulement notre société le rappelle sans cesse aux célibataires, mais celles-ci portent en elles-mêmes le schéma impératif. Elles vivent souvent partagées entre leur désir de liberté, d’une part, leur besoin d’enfant et la pression sociale, d’autre part.
Le dilemme devient de moins en moins supportable " au fur et à mesure que tourne l’horloge biologique " :passé un certain âge, il ne sera plus raisonnable de faire des enfants. Et lorsque, les unes après les autres, les copines " trahissent " et se marient, l’image du prince charmant, au fond jamais oubliée, resurgit immanquablement chez celles qui restent. Mais le choix est difficile, le héros conforme à leurs souhaits se fait rare, quand elles décident de céder à la tradition. Il faut qu’il soit solide, l'élu de leur cœur, car elles ne sont pas prêtes à renoncer à leur indépendance à n’importe quel prix.
Kaufmann estime que, comme le principe de liberté et d’autonomie est de plus en plus fort chez les femmes, c’est un mouvement véritablement révolutionnaire qu’elles ont ainsi entamé, peut-être sans en avoir bien conscience.
Questions
1. Dans le texte, " gagner du terrain ", c’est :
a-hériter d’un domaine
b-progresser
c-s’enrichir au contact d’un pays
2. Ici, " se faire une place au soleil " veut dire :
a-se ménager une vie agréable
b-revendiquer le droit de ne rien faire
c-se tailler une place dans la société
3. " A l'heure actuelle " signifie :
a-à l'heure précise
b-de nos jours
c-d'après l'actualité
4. " Vivre sa vie ", c’est :
a-mener sa vie comme on le veut
b-adopter un certain style de vie
c-passer beaucoup de temps
5. Dans le texte, " un foyer " est synonyme de :
a-une famille
b-un couple
c-une maison
6. On peut ici remplacer les expressions " à fond " et " au fond " par :
a-" jusqu’à la limite du possible " et " profondément "
b-" même dans les parties basses " et " sans doute "
c-" complètement " et " en réalité "
7. " Elles sont heureuses … sans homme à demeure ", c’est-à-dire :
a-sans homme à la maison
b-sans homme installé dans leur vie
c-sans homme ennuyeux à mourir
8. Elles " portent en elles-mêmes le schéma impératif " veut dire que :
a-elles se sont libérées elles-mêmes des traditions
b-elles sont influencées elles-mêmes par le modèle traditionnel
c-elles aussi comprennent la norme sociale
9. " au fur et à mesure que tourne l’horloge biologique " signifie :
a-plus on avance en âge
b-parce que la vie est courte
c-quand on adopte une vie équilibrée
10. Les copines " trahissent " veut dire que :
a-elles abandonnent leurs principes de vie
b-elles volent les amants de leurs amies
c-elles abandonnent leurs amies
dans les années : entre 1960 et 1969.
méridional : qui est au sud.
lutter : mener une action énergique.
complice : ici, adjectif qui qualifie une personne avec qui on a une entente profonde, spontanée
sans cesse : sans arrêt, constamment.
un dilemme : ici, une alternative qui contient deux propositions contraires et entre lesquelles il faut choisir.
resurgir : (ou ressurgir) surgir, apparaître brusquement à nouveau.
immanquablement : de façon certaine, sûrement.
se faire (+ adj.) : devenir.
céder à : ne plus résister à, se conformer à.
un(e) élu(e) : une personne qu’on a choisie.
renoncer à : ici, abandonner volontairement le droit à (qq chose).
véritablement : vraiment.
entamer : ici, commencer, entreprendre.
serait : v. " être " au présent du conditionnel, 3ème personne du singulier. Le conditionnel est employé ici pour indiquer une information non vérifiée.
en : pronom personnel remplaçant un nom précédé d’une indication de quantité – ici, (autant de) " femmes ". Attention ! : avec " en ", le participe passé est invariable.
autant que : avec " en ", il faut répéter le terme de quantité (ex. : Pierre a autant de livres que Paul ; Pierre en a autant que Paul).
le : pronom personnel complément direct, masculin singulier ; ici, il remplace une proposition (" une femme doit … foyer ").
celles-ci : pronom démonstratif féminin pluriel ; " -ci " indique qu’on parle des dernières personnes mentionnées (les plus proches).
elles-mêmes : " elles " est un pronom personnel, 3ème personne du féminin pluriel, utilisé après une préposition ou en position tonique ; " -mêmes " renforce le pronom.
passé : participe passé du verbe " passer " ; ici, (après avoir) passé = au-delà de.
soit : v. " être " au présent du subjonctif, 3ème personne du singulier ; le subjonctif est employé après " il faut ", qui exprime la nécessité, l’obligation.