Decazeville
Quinze jours après la formation du gouvernement Freycinet, surgit donc la grève de Decazeville. Cette grève des mineurs n est pas la seule en Europe : en Grande-Bretagne et en Allemagne, dans le bassin de Liège et dans le Hainaut, en Belgique, des grèves éclatent en cette année 1886, nombreuses et violentes, engendrées particulièrement par le relèvement des prix.
À Decazeville, les mineurs cessent le travail parce que leurs salaires sont continuellement comprimés: en deux ans, ceux-ci ont reculé de 150 à 100 francs par mois [1]; la tension est montée à Decazeville; et le responsable désigné est le sous-directeur mis en place par la Compagnie des mines, l'ingénieur Watrin. Au cours de pourparlers à la mairie, les représentants ouvriers se heurtent à l'ingénieur Watrin qui, avec rudesse et même sarcasme, ne veut rien céder et met fin à l'entretien au bout de trois heures de discussions ; la foule, dehors, est exaspérée. Quand Watrin sort de la mairie, il est poursuivi par des huées et des menaces ; il se réfugie dans une maison voisine qui appartient à la Compagnie ; la foule donne l'assaut à la maison, on le rejoint, on l'assomme, on le jette par la fenêtre; il est lynché, achevé à coups de pied [2].
Dans la foule, il n'y a pas que des mineurs ; il y a aussi des commerçants, furieux contre Watrin qui vient de mettre en place une Société coopérative de consommation où les ouvriers peuvent se ravitailler.
Dans le Cri du peuple [3]du 27 janvier, Jules Guesde écrit :
«Devant ce cadavre d'employeur, de tortureur, qui va tirer des larmes de tous les yeux bourgeois et des condamnations d'une justice également bourgeoise, il nous est impossible de penser à autre chose qu'aux souffrances, aux injures et aux provocations dont une pareille mort n'est que le couronnement, pour ne pas dire le châtiment. »
[1] Cf. A. Zévaès, La Grève de Decazeville, Paris, Bureau d'éditions, 1938. (Alexandre Zévaès était guesdiste.)
[2] On créera le verbe « watriniser ».
[3] Cf. le chapitre « Les révoltés ».
J.-F. Six, 1886 Naissance du XXe siècle en France, Éd du Seuil, 1986
Questionnaire
1. Decazeville est une localité française
vrai
faux
2. On assiste à des licenciements dans le nord de l'Europe
vrai
faux
3. Le Hainaut est une région allemande
vrai
faux
4. Les mineurs sont des ouvriers
vrai
faux
5. On sait le motif de la grève
vrai
faux
6. Ce n'est pas la première grève à Decazeville
vrai
faux
7. Les responsables rencontrent le propriétaire de la mine
vrai
faux
8. Leur interlocuteur est conciliant
vrai
faux
9. La rencontre n'est pas organisée sur le lieu de travail
vrai
faux
10. L'ingénieur perd la vie après la rencontre
vrai
faux
11. " watriniser " est un synonyme de lyncher
vrai
faux
12. Cet épisode a lieu au début de l'année
vrai
faux
13. Les manifestants sont tous des mineurs et leurs familles
vrai
faux
14. Les commerçants ont les mêmes intérêts que les mineurs
vrai
faux
15. Les coupables sont arrêtés
vrai
faux
16. Jules Guesde prend parti pour les ouvriers
vrai
faux
Internet Actuel - Document didactique
- un pacte: contrat, accord entre plusieurs personnes – "Si vous êtes tous d'accord, il ne vous reste qu'à signer ce pacte."
- un historien/une historienne: personne qui étudie l'histoire, qui écrit des livres d'histoire – " Mme Raboton écrit des livres d'histoire. C'est une excellente historienne."
- menacer: faire croire à quelqu'un qu'on va lui faire du mal – "La police protège le président. On le menace de mort."
- un témoignage: déclaration de ce qu'on a vu ou entendu et qui sert à établir la vérité – " Les policiers ont écouté mon témoignage sur cette affaire."
- un coupable: personne qui a fait une faute – "C'est ce grand type blond qui a volé tout cet argent? – Oui, c'est lui le coupable."
- un crime: acte grave puni par la loi – "Yves avait tué son voisin. Ce crime lui a coûté 19 ans de prison."
Les mots en italique sont à comprendre par le contexte ou un mot connu.
Mais qui a coupé l'oreille de Van Gogh?
Dans leur livre "L'oreille de Van Gogh, Paul Gauguin et le pacte du silence", Hans Kaufmann et Rita Wildegans affirment que c'est Paul Gauguin qui aurait coupé l'oreille de Vincent Van Gogh.
Gauguin, aurait-il coupé l'oreille de Van Gogh, comme l'affirment deux historiens allemands? L'historienne allemande Rita Wildegans annonçait déjà en 2001, dans une interview, que le célèbre peintre, Vincent Van Gogh, n'avait pas coupé son oreille lui-même, comme on peut le lire dans la version officielle. D'après cette version, ce serait son ami, Paul Gauguin, qui serait à l'origine de cet acte horrible. Cette théorie, l'historienne vient de la publier, avec Hans Kaufmann, dans le livre "L'oreille de Van Gogh, Paul Gauguin et le pacte du silence" qui n'est pas encore traduit en français.
Vincent Van Gogh est né à Groot-Zundert (Pays-Bas) en 1853. Vers l'âge de 20 ans, il quitte la maison de ses parents pour aller vivre à Londres, à Bruxelles et à Paris. Finalement il s'installe à Arles en 1880. Là, il fait la connaissance d'un autre peintre, Paul Gauguin, qui devient son ami. Mais un drame met fin à cette amitié. En effet, un jour, pendant une dispute, Van Gogh essaie de tuer son ami…
Dans la version officielle, les choses se passent un soir de décembre 1888, le 24 exactement. Vincent Van Gogh qui, depuis quelque temps, souffre de graves problèmes mentaux, se coupe l'oreille gauche avec un rasoir bien tranchant. Ensuite il se met au lit. Le lendemain matin, la police d'Arles le découvre à moitié mort dans son lit. Le peintre a perdu beaucoup de sang. Il semble ne plus se souvenir de ce qui s'est passé le soir du 24 décembre. Tout ce que nous savons repose sur les déclarations que Paul Gauguin a faites à la police. D'après lui, une simple dispute était à l'origine du drame. Mais très vite, le ton de la dispute monte. Van Gogh se met en colère, il sort même son rasoir pour menacer son ami. Gauguin, lui, décide alors de quitter son ami. Resté seul, Van Gogh, dans un moment de folie, s'est alors coupé l'oreille gauche avec son rasoir. Le peintre guérit vite de ses blessures et peint un autoportrait: on y voit Van Gogh avec un pansement autour de la tête. Plus tard, Van Gogh ne parlera jamais de ce qui s'est passé dans sa maison le soir du 24 décembre.
Oui mais voilà, selon les deux auteurs, cette version n'est pas exacte. Ce serait bien Paul Gauguin qui, pendant la dispute, aurait tranché l'oreille de son ami néerlandais. Mais Van Gogh s'est toujours tu pour protéger son ami et parce qu'il espérait que son ami allait revenir à Arles. D'où les auteurs tiennent-ils leur vérité alors? Ils ont lu et relu les procès-verbaux et les témoignages notés par la police juste après le drame. Pour eux les choses sont claires: tout porte à croire que c'est Gauguin le vrai coupable. En effet, quelques jours après l'accident, Gauguin avait quitté Arles pour Paris, sans attendre Théo, le frère de Van Gogh qui l'avait pourtant prévenu, par télégramme, de son arrivée. Une fois à Paris, Gauguin, grand amateur d'escrime, demande qu'on lui renvoie ses affaires personnelles. Il demande, entre autres, son équipement d'escrime (masque, veste, pantalon et gants) mais… il ne demande pas son épée. Ce qui laisse supposer qu'il avait emporté cette arme – arme du crime? – avec lui au moment de son départ d'Arles.
Pour Louis van Tilborg qui fait des recherches scientifiques sur le peintre au Van Gogh Museum d'Amsterdam, les choses sont claires: c'est le peintre lui-même qui s'est coupé une oreille. Quelle théorie faut-il croire, puisque tant d'éléments manquent?
Source: Libération.fr
Questions
1. Quel est le titre du livre écrit par Hans Kaufmann et Rita Wildegans?
2. Qu'est-ce qui est arrivé à Van Gogh?
3. Quelle est la version officielle de la blessure de Van Gogh? Et qu'est-ce que les auteurs affirment dans leur livre?
4. Comment pourrait-on expliquer que Van Gogh se soit coupé l'oreille lui-même?
5. Sur quoi la version officielle est-elle basée?
6. Qu'est-ce que Van Gogh a fait pour qu'on se souvienne toujours de ce qui s'est passé le soir du 24 décembre 1888?
7. Pourquoi Van Gogh n'a-t-il jamais parlé de cet accident?
8. Comment Hans Kaufmann et Rita Wildegans ont-ils découvert leur vérité?
9. Quel sport Paul Gauguin aimait-il pratiquer?
10. Qu'est-ce que Gauguin a fait tout de suite après son arrivée à Paris?
11. D'après les recherches de Kaufmann et Wildegans, qu'est-ce que Gauguin n'a jamais demandé? D'après les deux auteurs, qu'est-ce que cela pourrait prouver?
Discussion
12. "(…) et peint un autoportrait." Connaissez-vous d'autres artistes qui ont dessiné ou peint un autoportrait? Si oui, de qui s'agit-il?
13. "(…) s'est alors coupé l'oreille gauche avec son rasoir." Pourtant, si on regarde bien l'autoportrait ci-dessus, il semble que c'est l'oreille droite qui a été tranchée. Le peintre se serait-il trompé? Sinon, comment expliquer?
14. "D'après lui, une simple dispute était à l'origine du drame." Malheureusement, il arrive trop souvent qu'une simple dispute aboutisse à un drame. Comment l'expliquer? Comment l'éviter?
15. "(…) les témoignages notés par la police". Dans une enquête policière, quelle est la valeur d'un témoignage? Est-il toujours absolu ou peut-il être douteux? Expliquez.
16. "(…) tout porte à croire que c'est Gauguin le vrai coupable." Parfois il est très difficile de désigner le vrai coupable. Sur la base de quoi, une personne peut-elle être reconnue comme coupable? Qu'est-ce qui peut rendre la tâche de la police si difficile pour désigner le vrai coupable?
Pour présenter oralement ou par écrit
(Votre professeur précisera la portée exacte de chaque tâche, comme travail individuel ou en groupe.)
17. "(…) comme on peut le lire dans la version officielle." Sur Internet, cherchez ce qui s'est passé entre les deux amis le soir du 24 décembre et en quelles circonstances le drame a eu lieu. Puis, présentez le résultat de vos recherches oralement ou par écrit.
18. Sur Internet cherchez des renseignements sur Vincent Van Gogh, sur Théo Van Gogh et/ou sur Paul Gauguin. Puis, présentez le résultat de vos recherches oralement ou par écrit.
19. À quel courant artistique Van Gogh et Gauguin appartiennent-ils? Quelles sont les caractéristiques de ce courant? Cherchez des renseignements sur Internet, puis présentez le résultat de vos recherches oralement ou par écrit.
20. Une autre histoire, comparable avec celle de Van Gogh et Gauguin, s'est passée entre Arthur Rimbaud et Paul Verlaine. Sur Internet, cherchez des renseignements sur ce qui s'est passé entre ces deux hommes de littérature. Puis, présentez le résultat de vos recherches oralement ou par écrit.