Dans une interview, le docteur Patrick Lemoine, psychiatre et spécialiste des troubles du sommeil, nous explique les différentes façons dont un corps peut réagir à une nuit sans sommeil.
Comment fait-on pour tenir une nuit blanche?
La forme varie en fonction de la température du corps. On peut tenir une nuit blanche si la température du corps est haute. En pleine nuit, vers 3 heures du matin, la température est basse. Pour que la température monte, il faut prendre une douche chaude, s'exposer à la lumière ou encore faire du sport. En boîte de nuit, celui qui danse se sentira donc moins fatigué que celui qui est assis dans son coin. Nous avons tous une sorte d'horloge dans notre cerveau, mais pas tous la même. À la sortie d'une boîte de nuit, vers six heures du matin, il y aura toujours quelqu'un dont la température est en train de remonter et qui voudra emmener tout le monde dans une autre boîte afin de continuer la fête.
Et… que faire le lendemain?
Le lendemain, tout le monde se sent fatigué. Pour combattre la fatigue, il faut faire de petites siestes de cinq minutes, comme le fait Chirac. Ou plus court encore, comme Dali qui, installé dans son fauteuil, tenait une cuillère à la main et se réveillait quand elle tombait dans une assiette qu'il disposait à ses pieds.
Y a-t-il un danger à passer une ou plusieurs nuits blanches de suite?
Non. La récupération varie simplement en fonction du profil du dormeur. Pour avoir son nom dans le 'Guinness Book', un étudiant américain n'a pas dormi pendant onze jours et onze nuits. Après deux bonnes nuits de récupération, il était de nouveau en pleine forme.
Mais attention! Tout le monde ne réagit pas de la même façon. Après plusieurs nuits sans sommeil, une personne peut être victime de troubles cardiaques et psychiatriques. Mais il arrive aussi que la nuit blanche soit employée comme moyen thérapeutique. En effet, dans un hôpital elle est utilisée pour guérir certaines personnes qui souffrent de dépression. Le patient passera des nuits blanches au rythme d'une nuit sur trois. Dans ce cas, la nuit blanche n'empêche non seulement le sommeil mais également les mauvais rêves en période de dépression.
Est-on plus ou moins disposé à passer des nuits blanches?
Nous ne sommes pas tous égaux devant une nuit sans sommeil. On peut être un moyen, un long (plus de huit heures de sommeil par nuit) ou un court dormeur (moins de six heures et demie). D'ailleurs, on constate les même données chez les animaux aussi. Mais, la disposition à passer une nuit blanche varie aussi selon qu'on est 'du soir' ou 'du matin'. Environ 30 % de la population est du soir, 30 % du matin. Le reste se situe… entre les deux. Ceux qui sont du soir, supportent mieux les nuits sans sommeil. Le matin, ils sont souvent de mauvaise humeur, ils boivent et ils fument plus que les autres, ils sont souvent en retard à leurs rendez-vous et aiment faire la fête. En revanche, ceux qui sont du matin se sentent mal quand ils se lèvent beaucoup plus tard que d'habitude. Si, pour une raison ou une autre, leur horaire change, ils mettront deux ou trois semaines à s'en remettre. Plus l'âge avance, plus on est du matin.
Le corps ne s'adapte-t-il pas aussi à des nécessités sociales?
Non, car on se rend compte que les gens choisissent souvent leur travail en fonction de leur profil de dormeur. Travailler la nuit quand on est du matin, c'est se donner beaucoup de stress et risquer des problèmes gastriques ou des troubles cardiaques. Et chez ceux qui travaillent l'après-midi et en début de soirée (de 14 à 22 heures p.ex.), on remarque qu'ils gardent une dette de sommeil. Mais le corps social s'adapte à l'électricité et, depuis, on a abandonné deux heures de sommeil, ce qui est considérable.
Peut-on parler de nuit blanche chez les insomniaques?
Il existe plusieurs types d'insomnies. Certains disent avoir fait nuit blanche alors qu'en fait ils ont dormi, mais ils ne s'en sont pas rendu compte. Le stress peut empêcher de dormir toute une nuit, mais un insomniaque dort quand même en moyenne trois à cinq heures. Comme un court dormeur, sauf que l'insomniaque vit mal la chose, car son sommeil est plus souvent interrompu et donc moins profond.
Source: Libération.fr
Questions
1. Qui est Patrick Lemoine? Que veut-il expliquer dans cette interview?
2. Qu'est-ce qu'une nuit blanche?
3. D'après le docteur Lemoine, dans quelles conditions peut-on tenir une nuit blanche?
4. Comment expliquer qu'au petit matin, après une sortie, il y ait des gens capables de continuer la fête, et d'autres qui veulent se coucher tout de suite?
5. D'après le docteur Lemoine, comment peut-on combattre une grande fatigue après une nuit blanche?
6. Qu'est-ce qu'un étudiant américain a fait afin d'entrer dans le Guinness Book des records?
7. Est-ce que tout le monde réagit de la même façon au manque de sommeil? Quelles conséquences plusieurs nuits blanches peuvent-elles avoir sur un individu?
8. D'après le docteur Lemoine, une nuit blanche peut avoir un effet thérapeutique. Dans quel cas? Et dans quelle condition? Expliquez.
9. Il y a 3 types de dormeurs. Lesquels? Expliquez.
10. Qu'est-ce qu'une personne dite 'du soir'? Quel pourcentage de la population française est de ce type?
11. Qu'est-ce qu'une personne dite 'du matin'? Quel pourcentage de la population française est de ce type?
12. D'après le docteur Lemoine, comment se comportent les personnes du type 'du soir'? Et celles du type 'du matin'?
13. Un jeune du type 'de soir', le reste-t-il toute sa vie?
14. "Les gens devraient choisir leur travail en fonction de leur profil de dormeur." Qu'est-ce que des gens 'du matin' risquent d'éprouver quand ils travaillent la nuit? Et ceux qui travaillent l'après-midi et en début de soirée?
15. Comment expliquer qu'au cours des temps l'homme ait abandonné deux heures de sommeil?
16. Qu'est-ce qu'un insomniaque? Est-ce qu'une personne peut être insomniaque à 100 %? Expliquez.
17. Comment expliquer qu'un 'insomniaque' se sente mal au réveil?